Jeudi, une journée pas tout à fait comme les autres au pensionnat, du moins pas pour Yuuwaku Fujimara, ce fameux professeur d'art à la longue et soyeuse chevelure violette. Bien entendu tout commençait comme cela devait commencer, un réveil, un premier repas, des cours, un second repas puis encore des cours et enfin un troisième repas. Mais voyez-vous, la plupart du temps, après ce dernier repas, le jeune mais adulte homme partait vaquait à ses occupations diverses sans plus ce soucier des élèves, faisant tout simplement autre chose que du tutorat.

Cela dit, pas le jeudi. Non, en ce jour particulier de la semaine, après son dîner du soir le professeur recevait dans sa salle de cours un élève pour des cours particuliers. Cet élève en question changeait fréquemment, parfois parce qu'il n'avait pas besoin de ces cours étant déjà doué, d'autre fois parce qu'il était intéressant aux yeux du professeur, d'autres fois encore tout simplement parce que Yuuwaku avait réussi à les séduire et à obtenir de lui ce qu'il voulait en une seule nuit. Quoiqu'il en soit ces élèves particuliers ne restaient jamais bien longtemps, de toute façon le professeur se devait de faire tourner les cours, prétendant une équité pour tout ceux qui souhaiteraient si inscrire. Et si certains étaient là simplement pour augmenter leur moyenne ou pour sincèrement progresser, d'autres étaient là uniquement pour pouvoir être seuls avec leur magnifique et séduisant professeur d'Arts.

Aujourd'hui, notre cher apollon recevait un nouvel élève, si bien qu'il ne pouvait pas encore dire dans lequel de ces deux camps l'apprenti se trouvait. Enfin, il ne lui fallait que très peu de temps pour comprendre cela, parfois un simple coup d’œil. Il se trouvait que le jeune homme était très observateur et que les tenues parfois si soigneusement portées des élèves ne pouvaient être dues qu'à une ardente envie de plaire. Quoiqu'il en soit c'est donc avec le plaisir de la découverte et de la nouveauté que le professeur d'arts se dirigea dans sa salle avec un léger sourire au coin des lèvres. Légèrement à l'avance, comme à chaque fois pour accueillir ses élèves il entra dans la classe.

Allumant tranquillement la lumière il poussa la porte sans pour autant la fermer totalement puis s’avança jusqu'à son bureau où il posa son habituelle mallette en cuir. Il poussa un léger soupire en regardant toutes les petites tables vides puis se dirigea vers sa grande fenêtre pour observer la nuit déjà tombée et les réverbères allumés aux dehors. Il ne savait pas exactement qui était son élève. Alyss O'Connel, il avait un nom mais il n'arrivait pas à l'associer à un de ses élèves, il ne se souvenait plus et se demandait alors si cet élève était une fille ou un garçon, comment était-il, si il l'avait déjà séduit ou non. Il ne savait certes pas mais les réponses lui viendraient très bientôt, il en était certain. Rabattant sa longue queue de cheval sur le devant de ses épaules, le professeur s'appuya sur les rebords de la fenêtre, observant l'extérieur en attendant l'arrivée de son fameux apprenti.

Spoiler:

Attendre … Bien que d'un naturel calme, le jeune professeur d'arts n'avait jamais été patient, ce qui d'ailleurs collait assez bien à sa personnalité. A force d'un charisme aussi réputé que véritable, ce cher Yuuwaku Fujimara avait toujours acquis, tout au long de sa certes courte mais exaltante vie, une assurance totale d'avoir tout ce qu'il voulait quand il le voulait. Parfois, cette méchante habitude ressortait de bien mauvaises façons et ainsi l'on pouvait, en de rare cas, découvrir le côté aussi enfantin et gamin de cet adulte affirmé. Comment cela arrivait ? En quelles occasions ? Oh et bien il suffisait que l'objet de son désir actuel ne lui parviennes pas, du moins pas assez rapidement, car il finirait par lui parvenir de toute façon, dans ces cas là le bel apollon fait ce qu'on pourrait tout bonnement appeler un caprice. Il grogne, s'agace et s'énerve sur tout ce qui passe, faisant de la vie des moindre gens qui se trouvent près de lui, un enfer sans nom. Cela dit, il fallait un ardent désir et un prompt refus pour que le jeune homme se mette dans un tel état, il n'aimait d'ailleurs pas ce défaut. Cela le rendait juvénile tout en même temps que la colère, perfide sentiment, en profitait pour lui coller de laides rides au visage.

Quoiqu'il en soit, ce soir comme la plupart des soirs il était dans un état tout aussi naturel et habituel que parfait. Vêtu d'un de ces nombreux et luxueux costume fait sur mesure, aujourd’hui d'un noir sombre, le jeune homme ne présentait aucune cernes et sa peau, lisse comme le marbre, semblait aussi douce que si cela ne fut le jour de sa naissance. Yuuwaku faisait, après tout, tout ce qu'il fallait pour se tenir en forme et apparaître sous son meilleur jour. Cela-dit il ne fallait pas grand chose, bien qu'il prenait soin de son corps, de sa peau et de ses ongles, il n'était pas de ceux qui avaient le besoin d'étaler sur leurs visages poisseux ou poreux des tonnes de crèmes esthétiques. Non, le gentleman à la chevelure violette n'avait pas besoin de cela, il se contentait de quelques heures d’entraînement pour sculpter son corps et d'une manucure parfaite pour que ses ongles nus soient polis et n'ai jamais la moindre trace de peinture ou de toute autre matière glissé en eux. Soudain, le bruit de doigts contre le bois. Une voix se fit entendre derrière l’adonis qui, aussi curieux que surpris, se retourna bien vite.

Devant lui un être qui l'intrigua aussitôt, un léger sourire en coin vint prendre place sur ses lèvres rosées. Il suivait sa propre coutume, il lui suffisait du premier regard pour savoir déceler chez une personne quelconque un intérêt particulier. C'est comme ceci et pour cela que sa vivacité et son sens de l'observation se mirent derechef en route en observant le curieux personnage qu'il avait devant lui. Le détail premier qui venait frapper son œil était les cheveux roses vifs qu'arborait son vis à vis, se mariant à merveille avec l'unique pupille rosâtre qui lui était donné de voir, l'autre cachée par un rideau de cheveux lisses. Ensuite vinrent les détails plus habituels, sa taille, il était plus petit que Yuuwaku, très légèrement. Sa silhouette fine et gracile qui semblait nager dans une large chemise d'un gris bleuté. Vint ensuite, après tout cela, la ribambelle de piercings qui donnait à ce jeune homme un air de faux rebelle. Ce jeune homme … Tiens, étrangement le professeur d'Arts n'avait pas hésité une seconde avant de définir le genre de la personne en face de lui et pourtant en le regardant de nouveau il comprit qu'il aurait pu être trompé par nombreux traits féminins appartenant à l'androgyne. Néanmoins il était sur de lui, peut-être trop. L'être était beau, tant mieux. Esquissant un de ses habituels sourire charmeur dont il avait le secret, il s’avança lentement vers l'élève.

▬ Alyss O'Connel, n'est-ce pas ? Je ne me souviens pas avoir eu le plaisir de vous apercevoir dans l'un de mes cours. Ravi de vous connaître très cher.

Sa voix suave s'alliant à ses air de gentleman parfait, il était confiant. Pourquoi fallait-il, cela dit, qu'un tel physique soit donné à un tel homme ? Pourquoi Yuuwaku avait-il un caractère exécrable et pourquoi semblait-il collectionner les vices ? Si personne n'est parfait, les gens font bien souvent l'erreur de confondre un visage angélique avec l'ange lui même. Et si pourtant, derrière ce masque d'argent se trouvait un diablotin affamé ? Quoiqu'il en soit l'être infernal en question souriait toujours alors qu'il s'approchait de son bureau. S'y adossant en croisant les bras, il jaugea une nouvelle fois l'élève du regard.

▬ Dis moi donc qui tu es et pourquoi tu te trouves ici en ce moment même. Évidemment épargnes moi ton prénom, ton nom et le fait que tu viens pour un cours particulier, cela je le sais déjà. Parle moi plutôt de tes goûts, de tes couleurs, de tes motivations. Tout ce qui à rapport avec la matière que j'enseigne.

Ou tout ce que tu voudras me révéler, pourrait-il ajouter.